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L’arrière-grand’mère, Marie-Thérèse de GIBON, femme de Frédéric de PIOGER, belle-mère d’ARTHUR (1839-1889), est l’arrière-petite-fille de Marc DESILLES de CAMBERNON (1733-1794), et de Jeanne PICOT de CLORIVIERE. Ce dernier ménage a quatre enfants : Jeanne (Madame de VIREL, postérité), André, Marie-Thérèse (Madame d’ALLERAC, dont nous descendons), et Angélique (Madame de LA FONCHAIS, postérité).

André est lieutenant au régiment du Roi, à Nancy, lorsque la Révolution éclate. L’indiscipline est de mode dans l’Armée. En 1790, un peu partout le désordre gagne les régiments. L’année précédente à Paris, le régiment des Gardes Françaises n’avait-il pas donné l’exemple ? Il se trouve que les unités de Nancy dépassent les bornes et font trembler la ville.

L’assemblée nationale ordonne de réduire les mutins par la force, si besoin. BOUILLE est chargé de la besogne. Le 31 août, il se présente devant Nancy. À son approche, les régiments se sont, dans l’ensemble, soumis, sauf quelques enragés, postés à deux portes de la ville pour lui en interdire l’accès. André est à la porte de Stainville pour essayer de calmer les esprits, d’empêcher un drame. Pour étouffer la voix des armes, sa décision consiste à se mettre entre deux feux, soit devant les bouches des canons des mutins, soit à califourchon sur leurs lumières. Ce manège dure au moins une bonne demi-heure, pendant laquelle les armes se taisent. Enfin, les mutins ouvrent le feu ; les gens de BOUILLE ripostent. C’est le carnage. DESILLES, touché, évacué de justesse, luttera, pendant quarante jours, contre la mort, avant de s’éteindre le 17 octobre 1790.

Son geste a un retentissement considérable. On le compare aux héros de l’Antiquité; c’est le « CURTIUS breton », le « nouveau d’’ASSAS ». Le tribun révolutionnaire, Camille DESMOULINS le qualifie « d’aristocrate splendide ». Son buste est couronné en grande pompe par l’Assemblée nationale. Il s’en faut de peu qu’il ne soit le premier militaire français à reposer au Panthéon, aux côtés de MIRABEAU.

Non, il restera reposer dans la caveau des primats de Lorraine auprès du cardinal de LORRAINE, décédé en 1607, petit-fils par sa mère, Claude de FRANCE, du roi HENRI II et de Catherine de MEDICIS. Pas pour longtemps; sous la Terreur, les tombeaux sont profanés et les restes du prêtre et du soldat répandus à tous les vents. Cela importe peu; quoi que fassent les vandales, l’immortalité n’est plus seulement une cuirasse mais une présence. L’exemple de non-
violence donné par André DESILLES ne finira jamais d’interpeller des générations.

C’était un garçon tranquille, timide, modeste, courageux. Ennemi de la bagarre, on sollicitait souvent son arbitrage; combien de camarades dont il avait éteint la rancune, en les faisant se réconcilier et s’’embrasser ? Que de gens illustres dans la ligne du chevalier DESILLES qui se nomment GANDHI, MARTIN LUTHER KING…

Source: Les Le Bastart de Villeneuve, 1977, Pierre Le Bastart de Villeneuve (1914-2005)