Une filiation garde trop l’anonymat. Une telle litanie ne répond pas suffisamment à la question : les disparus, qu’étaient-ils ? comment étaient-ils ? Cette section reprends quelques textes et citations, classés par siecle pour une navigation chronologique.
15e SIECLE

Témoignage – Margot de REICZAT, femme de GUILLAUME (1431-1488)
Son influence n’est pas « … salutaire pour la prospérité de la famille… De cette époque paraît dater sa décadence… On commence à aliéner des terres… »
16e SIECLE
Témoignage – PIERRE, 3° du nom (1556-1605)
LETTRE DE SAUVEGARDE du roi Henri IV (1547) : « désirant en tout ce qui lui sera possible gratifier et favorablement traiter PIERRE LE BASTART, écuyer, sgr des HAYES, en considération des services qu’il avait reçus de lui. et mis ensemble les chacuns de la famille dudit seigneur sous sa protection et sauvegarde spéciale. »
Testament – PIERRE, 3° du nom (1556-1605)
1604 (extraits) : « …Lequel considérant qu’il n’est rien de plus incertain que l’heure dicelle et ne voulant mourir intestateur a fait le present testament et derniere volonte en la forme qui suit et premierement donne son âme a Dieu le pere tout Puissant créateur du Ciel et de la terre, à la benoïste Vierge Marie, à saint Michel l’ange et archange et a tout la cour celeste du Paradis veut qu’il soit donne la somme de 17 livres tournois aux pauvres de la paroisse de Saint-Sauveur dudit Rennes laquelle sera baillée à. »
Témoignage — Jeanne BESNARD, femme de PIERRE (1556-1605)
Une maîtresse femme, tout semble se redresser. C’est une épouse avisée et, devenue veuve, une tutrice éclairée. Lors de son mariage, les écus dus par la succession de ses grands-parents sont d’abord assurés, « après quoi, devant notaires et témoins, les futurs se sont fiancés et baisés par mariage se promettant de la solenniser… »
18e SIECLE
Témoignage – Yvonne des MERLIERS, femme de FRANCOIS-PIERRE (1727-1787)
Yvonne est une femme de tête « d’une grande énergie morale ». (Son portrait est aux Métairies, copie à Boro). « … Ce n’est pas pour rien qu’elle est l’arrière-petite fille d’un cadet parti pour les Iles et qui y avait conquis une fortune à la force du poignet. » Douée d’un « jugement clair », cette femme forte soutient son fils, PIERRE-RENE, veuf trop tôt, veille à tout, « œuvre à l’éducation de ses petits-enfants. », tout cela, durant la période révolutionnaire…
« … Que de pauvres foyers elle avait visité jeune femme! Bien qu’elle approchât de la soixantaine, elle était restée alerte. (durant la Révolution) elle reprit son rôle d’infirmière bénévole. Il lui fallait un courage viril. Les chemins n’étaient pas sûrs. Des équipes de pillards couraient le pays. Plus d’une fois, elle ne dût le salut qu’au refuge qu’elle trouva dans de misérables taudis où elle était passée en faisant le bien. »

Témoignage – PIERRE-RENE (1754-1828)
AVIS DU DEPARTEMENT d’Ille-et-Vilaine (1797) : « Le canton de Guignen est, sans contredit, le plus mauvais du département. C’est au citoyen LE BASTART, seul, qu’on est redevable de son organisation. Le ministre décidera dans sa sagesse si cet acte, seul, suffit pour lui mériter la confiance du Directoire. Ce citoyen est un ex-noble qui fut maire de sa commune au début de la Révolution. On n’a pas eu beaucoup à se louer de ses principes. »
REPONSE DU PREFET d’Ille-et-Vilaine à l’offre de démission de maire (1823) : « … Votre lettre m’afflige. Malheureusement, je n’ai rien à y opposer et je conçois parfaitement que vous désiriez le repos dans l’état de souffrance où vous êtes. Les habitants de Guignen partageront mes regrets. Ils vous aiment et vous respectent à bien juste titre. Que ce sentiment vous soit une consolation. »
Testament – PIERRE-RENE (1754-1828)
1823 (extraits d’après sa vie par M. Jehan de Bricourt) : « J’interdis à mes héritiers de me faire construire un mausolée. Je serai enterré en pleine terre, à la suite des derniers défunts, comme les pauvres. Une simple croix de bois pour témoigner que j’étais chrétien. Pas de fleurs. Pas un mot sur moi, ni à l’église ni sur ma tombe. Mais, tous les pauvres de la commune, mes frères, devront être invités à mon inhumation et au service de huitaine., Ce seront mes témoins à décharge au jugement de Dieu. »
Témoignage – Marie de TREMAUDAN, femme de PIERRE-RENE (1754-1828).
Dans son testament, PIERRE-RENE reconnaît « la bonne administration de sa seconde femme ». Elle « a l’œil à tout, sait décider et commander. Malheureusement — ou heureusement — elle « est près de ses sous ». Longtemps usufrutière des Métairies, elle « en fait voir » à son beau-fils, CHARLES (1784-1851), par chance bon et tolérant. Entre eux, « tout donne lieu à de longues transactions. Il n’est pas jusqu’à une malheureuse question de bois mort qui met le feu aux poudres. » (comme il se doit !)
19e SIECLE
Témoignage – Eugénie de PIOGER, femme d’ALFRED (1811-1897)
De sa mère, ARTHUR constate : « Ma mère est une femme qui a bien du mérite. De fait, elle dirige mari, maison, enfants pour leur plus grand avantage ». C’est une maîtresse de maison accomplie. « Vive et gaie », elle met la main à la pâte. Dans sa jeunesse, ses frères des Chambots l’appelaient « ptite pivoine ». Après 1889 (elle perd cette année-là, deux enfants sur trois), elle emmène son ménage aux Rues-Basses, mises à sa disposition par sa belle-sœur, née BOUX de CASSON, et abandonne les Métairies aux ALPHONSE (1846-1914).
Avec des moyens réduits — par rapport à de riches voisins — elle tient, dans son coin de Guignen, un rang indiscuté. Excellent cordon bleu, sa table est réputée : « Les salmis de bécasses des Métairies étaient célèbres. »
Témoignage — ALFRED (1811-1897) et EUGENIE
Sur son grand-père ALFRED, le petit IVAN (1882-1930) s’entête à questionner : « N’est-ce pas que grand-père ALFRED ne sait ni lire, ni écrire ? » Question irrévérencieuse, formellement démentie sur le champ. Quoi qu’il en soit, l’admission à St-Cyr du petit questionneur sera une des dernières joies de sa grand’mère EUGENIE. « … ALFRED a la manie d’allumer sa pipe avec des bouts de papier qu’il sème un peu partout dans les allées des Métairies. Cela met sa belle-fille (Marie de MONTBEL) au bord de la crise nerveuse ».
Témoignage – FREDERIC de PIOGER (1816-1902), beau-père d’ARTHUR
Un des plus jeunes représentants du peuple à l’Assemblée de 1848. Emprisonné au Mt-Valérien le 2/12/1851. Député royaliste du Morbihan de 1871 à 1878. Conseiller général jusqu’en 1898. Devant l’échec d’une politique consacrée, en vain, au retour du comte de Chambord, il confie pourtant : « je ne désespérerai ni de mon temps, ni de mon pays ». Ce grand-père était aussi riche de culture que de vertus; il était la bienveillance même, répétant souvent : « Il ne m’a jamais coûté de rendre justice car je n’ai jamais été jaloux de personne. »
Témoignage – ARTHUR (1839-1889)
NOTES DU GENERAL-INSPECTEUR (1887) : « Intelligent, instruit, bon type d’officier breton, cet officier s’occupe d’une manière satisfaisante des fonctions de major qui lui sont confiées. Il a plus d’aptitude pour le service actif et serait bien comme commandant de demi-régiment. Officier supérieur méritant. Proposé pour la croix d’officier. »
Témoignage – Marcie de PIOGER, femme d’ARTHUR (1839-1889).
Après dix-années de mariage, elle reste veuve les quarante-sept années qui lui restent à vivre. Ses goûts lui permettent de diriger avec compétence ses exploitations agricoles. « … Très féminine par la sensibilité et le coeur elle avait des goûts masculins. Elle aimait les chevaux, toutes les formes d’agriculture… » Après le mariage de
son fils aîné, HENRI (1876-1927), elle lui laisse Boro et s’installe à Allérac.
« Allérac était la maison du Bon Dieu. Marcie était la bienveillance personnifiée… » « … Il était impossible de ne pas s’entendre avec elle. Elle ne comptait que des amis. »
MARCIE de PIOGER et sa cousine ELISABETH LE MINTIER (la tante PAUL LE BASTART) soutiennent de nombreuses œuvres, écoles, communautés, etc…
Témoignage — ARTHUR (1839-1889) et MARCIE
Sur ce ménage dont les goûts diffèrent « on jase » dans la coulisse… ARTHUR aime les jolies toilettes. MARCIE s’en moque : « Totalement dénuée de coquetterie, mais obligée du vivant de son mari à être toujours très bien chaussée (elle avait des pieds très fins) et bien habillée, car il y tenait beaucoup, elle s’était mise à l’aise de retour à Boro.. » ARTHUR s’ennuie à la campagne. MARCIE s’y plaît beaucoup. ARTHUR ne regarde pas à la dépense ; MARCIE, elle, déplore qu’ARTHUR soit dans la cavalerie « car il y a peu d’avancement. Elle déplore qu’il soit dans les hussards car l’uniforme est coûteux… »
« … Cette pauvre MARCIE, est-elle bien mal attelée !… » s’écrivent les cousins de Launay. MARCIE aime parler de son père, Frédéric de PIOGER, dont elle partage « la passion pour les idées générales, l’Histoire et la Politique » La vie politique de Frédéric a surtout été consacrée au retour manqué d’Henri V sur le trône de ses pères. En parlant du prétendant, MARCIE soupire « Ce bonhomme là a empoisonné ma jeunesse. » Sur ce sujet, la scène suivante : « IVAN (1882-1930) et PAUL (1888-1936) son frère, vont au lit. « Bonsoir, crie PAUL à son frère, ne rêve pas au comte de Chambord! — « Le comte de Chambord, jm’en fous. » répond IVAN. Le grand-père Frédéric a entendu. De là à penser que ses petits-fils deviennent bonapartistes, il n’y a qu’un pas et il va confier ses craintes à MARCIE.. »
20e SIECLE
Témoignage – HENRI (1876-1927)
Il aime la bonne table et la compagnie. Chez lui, les agapes se prolongent en discussions joyeuses. Il met ses invités à l’aise : « Vous êtes ici chez vous. La table n’est pas louée… On ne vieillit pas à table… »
Son fils aîné, JEAN, est « un petit bonhomme drôle comme tout. » « Il appelle les petites marguerites des prés « des petites tates ». Un jour, après avoir considéré longuement ses deux grand’mères, il déclare : « On va changer ces mémés là ! On va avoir des mémés toutes jeunes ! comme les tates ! Les grand’mères ont la bonne idée de ne pas se formaliser de ce jugement dépourvu d’artifice. « Et vous, ma fille, demande MARCIE à sa belle-fille PAULE, voudriez-vous aussi me changer ? » « Non, car je perdrais sûrement au change » répond celle-ci.
Témoignage – MAURICE du HALGOUET (1847-1919), beau-père d’HENRI (1876-1927)
Polytechnicien, quitte l’Armée comme Lt-Colonel pour entrer dans la politique. Député de Redon, de 1895 à 1919, conseiller général d’Ille-et-Vilaine, homme d’une activité débordante et inlassable au service de convictions religieuses et d’espérances politiques auxquelles il est toujours fidèle. « Signalez-moi les détresses que vous rencontrez dans votre ministère, confie-t-il à un prêtre, je vous donnerai de quoi les soulager. Je n’y mets qu’une condition c’est que mon nom ne soit pas prononcé. »
« … Il était grand et noble en tout, grande intelligence, grand cœur, puissante activité, loyauté chevaleresque, sentiments élevés. ».
1ere Guerre Mondiale — HENRI (1876-1927)
RECIT DE L’ANCIEN AUMONIER DU CAMP DE MUNSTER (1917) : « … C’était un joyeux camarade toujours prêt à rendre service et à remonter le moral des autres. Un jour, plusieurs sous-officiers s’étaient permis une légère infraction au règlement. Aussitôt, les voilà dénoncés et appelés près du commandant du camp. Par erreur M. de VILLENEUVE n’est pas inquiété, tandis qu’un de ses compagnons, innocent de ce délit, va être puni. S’il se déclare coupable, il sait ce qui l’attend : l’envoi dans un camp de représailles où le guettent le froid, la faim, les mauvais traitements, les balles de ses frères, peut-être. Peu importe, la voix de la justice a parlé. Pour affronter vaillamment cette terrible épreuve, il se confesse et reçoit son Dieu comme s’il allait partir pour le dernier voyage »
1ere Guerre Mondiale — IVAN (1882-1930)
CITATION (1916) : « Officier possédant un sentiment très élevé de son devoir. Blessé une première fois, le 21 août 1914, a refusé de se laisser évacuer. Blessé à nouveau très grièvement, le 7 septembre 1914, à la tête de sa compagnie, est revenu au front à peine guéri. Décoré deux ans après sa blessure dernière. »
1ere Guerre Mondiale — PAUL (1888-1936)
CITATION (1918) : « Officier d’une bravoure au-dessus de tout éloge, a été grièvement blessé, le 20 juillet 1918 en manœuvrant un nid de mitrailleuses ennemies, à la tête de sa compagnie à laquelle il a su communiquer son entrain magnifique. »
Témoignage – PAULE du HALGOUET (femme d’HENRI, 1876-1927) et Marie du HALGOUET
Par nécessité, durant la captivité d’ HENRI, PAULE, sa femme, doit s’occuper d’agriculture dans des exploitations où les hommes valides sont tous mobilisés et il lui faut mener de front l’éducation de ses cinq enfants. « … Ma fille, écrira le colonel du HALGOUET, surtout depuis la perte de ses frères, était mon bâton de vieillesse. Elle avait le don de conseil…»
PAULE du HALGOUET. « … Elle était la bonté même. Elle soignait les malades avec un dévouement total. Nous allions les voir, toutes les deux, dans la voiture qu’elle conduisait… C’est auprès des habitants de Saint-Vincent qu’elle laissait voir ses qualités de cœur et sa grande charité. »
MARIE de MONTBEL se met volontiers au piano, chante et fait danser la polka. PAULE du HALGOUET sait tenir le pinceau. Et comment ne pas parler ici de ceux qui taquinent la Muse, bien qu’ils ne soient pas des « pièces rapportées » : PAUL (1936) et MARGUERITE (1889-1967). Il n’est pas d’événements familiaux qu’ils n’aient chanté à la manière des trouvères et des troubadours.
— MARIE de MONTBEL. « … Après la mort de son mari, elle part se dévouer auprès des tétaniques dans une ambulance de Rennes. »
2nde Guerre Mondiale — YVES (1920-1944)
DERNIER MESSAGE (1944) : « Il est des épreuves qui ne peuvent que nous fortifier quelqu’en soit le terme. L’épreuve est rude mais Dieu est bon et la prière, une consolation. »
2nde Guerre Mondiale — ALAIN (1922-1944)
(1944) : « Si je n’avais pas eu la foi, je serais mort ou devenu fou. Tu diras à maman que je mourrai en bon chrétien et en bon Français. »
2nde Guerre Mondiale — d’YVES et d’ALAIN
LEUR CHEF AFFIRME (Pau, 1945) : « … Ils ont été en Bretagne des combattants hors de pair. Ils font figure, et c’est justice, de chevaliers légendaires… Leurs chefs les adoraient pour leur cran et leur simplicité. »
Source: Les Le Bastart de Villeneuve, 1977, Pierre Le Bastart de Villeneuve (1914-2005)