HYPOTHÈSE DES ORIGINES
ALAIN BARTE-TORTE, successivement reconnu comte de Poher, de Nantes, de Vannes puis duc de Bretagne, en raison de ses exploits contre les Normands, meurt en 952. D’une certaine JUDITH, dame de condition noble mais qui n’est pas de son rang («concubine », écrit Dom Morice), il a deux enfants, HOËL et GUERECH. Il délaisse cette femme et épouse Roscille d’ANJOU, dont il a également progéniture.
Les dits HOEL et GUERECH, étant de mère délaissée, sont appelés BASTARD de NANTES par leurs ennemis, les comtes d’ANJOU et de RENNES. HOEL meurt assassiné, en 970, ainsi que ses deux fils, JUDICAEL et HOEL II, en 1005. Leurs droits sur le comté de NANTES appartiennent à leurs descendants, mais ceux-ci cessent d’être nommés dans l’histoire. Dom Morice nous dit : « Accoutumés à être gouvernés par les descendants d’ALAIN LE GRAND, les Nantais se mettaient peu en peine de la manière dont leurs princes fussent nés. D’ailleurs le titre de Bâtard n’était point injurieux dans ce siècle non plus que dans les suivants et ceux qui l’étaient se faisaient honneur d’en prendre la qualité surtout quand ils avaient quelque grand seigneur pour père. »
A ce moment, une famille nouvelle se rattachant à ces princes par son nom, sa position sociale, ses domaines et ses armoiries (d’or à l’aigle d’empire) commence à paraître. Son berceau est le fief de la Bastardière-sur-Sèvre, près de Clisson, à quelques lieues de Nantes. Le premier auteur connu de cette famille est RICHER (Richerius, Raherius dominus in feodo de Bastarderia, miles) né vers 980, mort avant 1062.
L’hypothèse de raccrocher RICHER aux BASTARD de NANTES en le présumant fils de HOEL II a été émise, admise puis contestée. Le débat reste ouvert aux chercheurs…
Quoi qu’il en soit, ce RICHER plante un arbre aux nombreuses ramures : au gré des conquêtes et des batailles, des concessions royales, des mariages et des héritages, dix-sept branches vont successivement se déployer en Haute-Bretagne, Berri, Armagnac et Agenais, Languedoc, Maine et Poitou, Basse-Bretagne et Devonshire.
SURVOL DES SIÈCLES
Origines perdues dans la nuit des temps, ascendances princières, situations élevées, possessions considérables, etc., etc… rien ne manque à la légende familiale ! Les BASTARD (avec un D, ceux-là), présumés issus des comtes de NANTES, développent leurs branches un peu partout, dans l’Ouest, le Centre, le Sud-Ouest, et même, en Angleterre.
Sur un terrain reconnu, plus vérifiable, les quatre premiers degrés de notre branche apparaissent dans l’arrêt de maintenue du 31 août 1764.
Les difficultés commencent avec ce cadet, le 5° degré, issu d’un second mariage. Le contexte de ce 16° siècle breton est pénible pour l’ex-duché et ses habitants. Ce cadet sera-t-il, comme le dira LA BRUYERE, ce noble de province, sans toit, sans habits, sans mérites, inutile à lui-même et se répétant « dix fois par jour qu’il est gentilhomme » ? Non, car lui, et ses descendants immédiats, vont replacer leur lignée sur orbite noble à la force du poignet.
Ce 5° degré vient s’implanter à Rennes. La vie de ses fils et petit-fils – les 6° et 7° degrés – est peu documentée. Le métier qui les fait vivre, médecin, n’est pas déshonorant car « c’est imiter Dieu que guérir et pouvoir soulager les malheurs de notre humaine race » (RONSARD), mais, ce n’est plus le cliquetis des armes cher aux chroniqueurs et généalogistes !
Le « Grand siècle » apporte une ambiance favorable au progrès du savoir. Les 8e et 9° degré en profitent. Ce sont des hommes de loi. Voici la lignée remise en selle : le 10° degré se retrouve gentilhomme reconnu, avocat connu, terrien accompli: PIERRE-JULIEN (ou JULIEN-PIERRE), « écuyer », Sgr de VILLENEUVE et des Métairies, 1690-1771.
« N’oublie pas que terre a, guerre a », répète cet aïeul. Ses descendants n’oublient pas les deux termes du vieil adage : propriétaires terriens et militaires y sont, peu près, à égalité. Il faut arriver à nos générations pour sortir de cette alternative; sous la pression des nécessités, des goûts plus diversifiés, on s’adapte à d’autres exigences.
Derrière le déroulement de notre histoire, se cache un grave péril : le navire qui nous porte risque, plusieurs fois, de toucher le rivage des familles éteintes. Les 9° (17e), 12° (fin 18e) et 13° (19e siècle) degrés sont, en effet, l’unique spécimen de leur branche et de leur génération. D’ailleurs, les dix-sept branches n’ont pas échappé à l’hécatombe puisque, seules, subsistent la cinquième, celle de SAINT-DENIS, représentée par les actuels barons de BASTARD, et la nôtre, la treizième branche.
« Ainsi pouvons-nous continuer à faire la synthèse d’un passé, source de leçons, et d’un avenir, riche de promesses. », disait PIERRE, 1914-2005, dans sa publication sur la famille Le Bastart de Villeneuve, 1977, et sur lequel ce site s’appuie fortement.
PATRONYME ET NOM
La terre des Métairies comprenait, entre autres, le fief de VILLENEUVE avec son manoir et sa chapelle. Tandis que PIERRE LE BASTART, 4e du nom (17e siècle), prend le nom de « Monsieur des METAIRIES (il signe « des metaireys lebatart » ou « des metairyes le bastart »), il donnait à son fils aîné le nom de « Monsieur de VILLENEUVE ». Ce dernier, PIERRE-JULIEN (17e), signe « Lebastart de villeneuve » et on lui écrit Monsieur de Villeneuve, à son château aux Metayries.
Cette dernière appellation fut, seule, retenue par les générations suivantes, même après que le fief de Villeneuve fut sorti du patrimoine familial.
ORTHOGRAPHE DU NOM
Une notice du Vte de BASTARD d’ESTANG (l’auteur de la grande généalogie familiale publiée en 1847) mentionne : « … L’orthographe du nom a souvent varié. On le trouve indifféremment écrit, BASTARD, BASTART, de BASTARD et LE BASTART (dom Lobineau, dom Morice et le Domesday book). Voir aussi le chartes de 1040, 1060, 1066, 1105, 1112, 1157, 1207, les lettres patentes du 5 novembre 1441, l’arrêt du Parlement de Bretagne du 31 août 1764, et un grand nombre de titres aux archives du département du Cher. »
Pour notre branche, on peut constater ceci :
— Tous nos ancêtres, DES LE 15° SIECLE, signent LE BASTART avec un « T ».
— À partir du 16° siècle, l’état-civil écrit toujours LE BASTART avec un « T ».
La possibilité d’une origine commune avec les BASTARD du comté nantais, possibilité dont nos ancêtres sont conscients, au moins à partir de FRANÇOIS-PIERRE (18° siècle), ne leur fait pas modifier l’orthographe de notre patronyme, orthographe qui fut, d’ailleurs, respectée dans l’ouvrage généalogique du Vte de BASTARD, mentionné ci-dessus.