
Yves Le Bastart de Villeneuve (1920-1944) était le fils ainé de Paul (1888-1936), avocat établi à Pau, et le frère d’Alain (1922-1944). Apres des études secondaires puis supérieures en économie, il s’engagea en janvier 1941 dans un bataillon de chasseurs alpins d’où il fut démobilisé en novembre 1942, lors de la dissolution de l’armée française. Il fit ensuite des études de droit. Comme son frère, il fut persuadé en mai 1943 par un ami, Lucien Poulard (nom d’emprunt), d’entrer au réseau de renseignements militaires « Alliance ». Ils reçurent une formation à Paris et Yves retourna en Bretagne sous le pseudonyme « Sapajou ».
Après le départ de Poulard à Paris, Yves travailla avec son successeur Pierre Le Tullier (nom d’emprunt) et prit le nom de code « S19 ». En juin 1943, il recruta Yves Rigoine de Fougerolles afin de trouver des agents pour le secteur d’Auray; en juillet de la même année, il se rendit à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) pour rencontrer un ingénieur des Ponts et Chaussées qui lui remit un plan détaillé du secteur côtier et des systèmes de défense. Il dressa ensuite l’état des troupes stationnées dans la région de Redon (Ille-et-Vilaine).
Il fut arrêté le 30 septembre 1943, à Rennes, avec Pierre Le Tullier et la femme de ce dernier, Henriette Maitrejean, et déporté vers l’Allemagne le 16 décembre 1943 au départ du camp de Compiègne. Il fut ensuite interné à la prison de Kehl-am-Rhein. Le 28 février 1944, la Gestapo de Strasbourg transmit le dossier d’accusation d’espionnage concernant également frère, Lucien Poulard, Marc Bernard (nom d’emprunt) et Philippe Lefèbvre (nom d’emprunt), au Tribunal de guerre du Reich qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus ». Yves fut transféré à la prison de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg) et jugé les 20 et 21 juin 1944 par le 3e Senat (chambre) du Tribunal de guerre. Le juge Karl Schmauser, président du 3e Senat, le condamna à mort. Le jugement ayant été confirmé à Torgau le 10 juillet 1944 par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal, il fut conduit à la prison de Schwäbisch Hall (Bade-Wurtemberg), où il apprit que son recours en grâce avait été rejeté le 17 juillet, par le Führer Adolf Hitler.
Yves, son frère Alain et 22 autres codétenus furent conduits le 21 août à l’aube à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés par groupes de huit après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant « Vive la France ». Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar. Le dernier vœu des 24 condamnés « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau « Alliance » qui fit rapatrier les corps en juin 1947, à Strasbourg. Il fut inhumé à la nécropole nationale de Strasbourg-Kronenbourg (Bas-Rhin).
Yves obtint la mention « Mort en déportation » par arrêté du 9 décembre 1993.
Source: https://maitron.fr/spip.php?article185753, notice Le BASTARD de VILLENEUVE Yves Marie Gaston Marc par Jean louis Ponnavoy, version mise en ligne le 2 octobre 2016, dernière modification le 12 mars 2020.